Cette série est un reportage sur les déchirures d’affiches publicitaires, en général dans le métro.
J’ai voulu montrer comment, à travers ces déchirures, œuvrées de manière hasardeuse par les « afficheurs », les passants et le temps, le sens des images se transforme en un autre sens, et dans quelle mesure cette transformation est susceptible de nous apprendre quelque chose sur notre époque.
Outre la beauté des compositions petit à petit dessinées par la dégradation des panneaux, je me suis intéressé au jeu de correspondances entre les différentes affiches superposées, les plus anciennes refaisant surface par les fissures des nouvelles, comme les fantômes insistants d’une société de consommation malade de vitesse.
Les déchirures seraient un symptôme de cette maladie : les panneaux semblent transpirer ou être recouverts de plaques, et contiennent en leur sein des unions culturelles improbables, bâtardes, des messages isolés perdant leur signification, des corps mutilés dont on devine l’ancienne séduction.
La série des Déchirures est en quelque sorte un Tombeau où la multiplication des signes ne cesse de se déchirer pour finir dans l’abstraction.