La série Confessions d’un Masque est en quelque sorte une suite de la série Les Garçons Sauvages.
Là où je cherchais dans cette précédente série quelque chose de brut, de pulsionnel, au final toucher à l’universel par ses fibres impatientes, je me suis concentré dans les Confessions d’un Masque sur des expressions formelles témoignant directement d’une culture, d’un temps et d’un milieu précis qui se déploient actuellement à Paris.
Ces manifestations sont plus sophistiquées, plus atypiques voire même outrancières, elles sont celles d’une génération se réalisant dans une société du culte de l’image (de l’individualisme) et du « quart d’heure de célébrité » (de l’immédiate information). La volonté y est d’être toujours étonnant, différent, d’être toujours autre.
J’ai ainsi sélectionné des photos de soirées où s’affirmaient les protagonistes de cette cour au langage à la limite de l’onirisme, du fantastique, comme pour repousser le réel dépressif d’une société en crise.
« Gothico-glam », « seapunks », « néo-kitch », « queer-street», « néo-dandysme », etc… Les tentatives de définitions se succèdent pour tenter d’expliquer le panel d’expressions exploitées –avant de se rendre compte que c’est dans le métissage (des époques, cultures, signes, genres sexuels…) qu’ils s’épanouissent. Le mauvais goût est revendiqué en parfaite connaissance de cause, et même théâtralisé dans un édifiant élan de moquerie à l’égard des normes de classes. Et la marginalité, savamment étudiée dans ses codes, devient un manifeste.
Ce que nous fredonnent ces corps est une fugue nocturne et virtuelle, comme une pause à côté d’un monde aux dogmes étriqués, aux avances déjà fanées. Les satyres dansent face à un Olympe cadavérique, et ils réclament qu’il les voit.
Et si le fil conducteur de mes combinaisons d’images était d’ordre narratif, alors l’histoire serait certainement un conte.
Un conte ou un rêve, tantôt furieux, tantôt silencieux, de papillons en constantes métamorphoses. Ses errances sont un vital vacillement de chair aux infinis affluents qui s’engendrent d’eux-mêmes selon les turbulences de son trouble. Quelle en est la trame ? Impossible à dire, le mode d’emploi est travesti… Les enfants prophètes se jouent de/dans la décadence ; ils prédisent l’oubli, dans le faste bouquet de leurs ornements et dans le reflet de leurs masques, des masques qui parlent et dont les confessions ont le goût du sacral, de la nuit et de la cendre.
2014